Des sources de la station locale Radio Okapi ont quant à elles rapporté la mise en garde faite aux miliciens par le général François Olenga, nouveau chef d’état-major des forces terrestres : “Si les rebelles du M23 ne respectent pas le délai fixé par le sommet de Kampala pour leur retrait de Goma, nous allons faire notre travail et restaurer l’autorité de l’Etat. Les Congolais sont « fatigués des guerres d’agression”, a-t-il déclaré. Pendant ce temps, des nouvelles divergentes parviennent du front des rebelles. Le pasteur Jean-Marie Runiga, coordinateur du M23, a réitéré sa satisfaction pour la mise en place de négociations avec le président congolais, tout en réaffirmant que les rebelles ne quitteraient jamais Goma. D’autres déclarations, reprises par les agences de presse internationales et attribuées à un certain responsable de la rébellion et au colonel ougandais Antoine Manzi, soutiennent en revanche que le M23 a accepté de retirer ses troupes sans fournir de plus amples détails. “Au départ, nous ne voulions même pas prendre la ville. Nous sommes ici parce que le gouvernement nous a cherchés. Si c’est ce qui peut amener la paix au Congo, le M23 pourrait accepter de quitter Goma”, a pour sa part indiqué le chef militaire de la rébellion, Sultani Makenga, dans une interview à Jeune Afrique.
Pendant ce temps, Radio Okapi précise que depuis l’entrée des rebelles à Goma, les cas de vol et de pillage contre des édifices publics et les habitations privées de ministres et de responsables militaires locaux se sont multipliés. “Trois bandits armés qui parlaient kinyarwanda sont entrés chez nous, dans la paroisse du Saint-Esprit, au centre de Goma. Ils nous ont agressés et menacés en me pointant une arme contre la tempe. Ils ont volé nos téléphones portables, nos ordinateurs, une montre et le peu d’argent qu’ils ont trouvé, mais heureusement, père Daniel et moi sommes sains et saufs”, a raconté à la MISNA monseigneur Nzabanita.
De l’autre côté de la frontière, les autorités rwandaises ont signalé de lourds combats entre les troupes rwandaises et les rebelles hutus des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (Fdlr), provenant de l’Est congolais où ils ont établi leur quartier général depuis 1994. Les affrontements se seraient produits dans le département de Gisenyi, dans le Nord-ouest du pays, à la frontière du Nord-Kivu.
La recrudescence du conflit dans l’Est congolais a articulé les travaux d’une réunion extraordinaire de l’Union africaine (UA), tenue lundi à Addis-Abeba. L’organisation continentale serait prête à déployer au Kivu une “force neutre internationale”, tel que l’a annoncé le commissaire pour la Paix et la Sécurité, Ramtane Lamamra, avant de préciser que la Tanzanie avait proposé de contribuer à l’opération à hauteur de 800 effectifs. Des émissaires de Washington, Paris et Londres ont à leur tour entrepris des consultations avec des chefs d’Etat des pays des Grands Lacs.
En attendant, dans la capitale Kinshasa, un groupe de 145 députés de l’opposition et de la majorité ont convoqué le Premier ministre Matata Ponyo au parlement pour que celui-ci “réponde des événements au Nord-Kivu et de la riposte du régime à la crise”, a déclaré à la MISNA le député Luneno, annonçant que les deux chambres devraient se réunir en congrès d’ici quelques jours pour écouter également le président Kabila