À l'instar de son corridor est qui fait face
depuis 1994 à une insécurité sans pareille, le pays est en proie à des nouveaux
mouvements des populations fuyant la guerre en République centrafricaine. Et
d'aucuns craignent que la vague d'insécurité de l'Est ne se répande sur le nord
du pays, ouvrant ainsi un nouveau front d'instabilité à gérer.
En 1994,
suite à la pression de la communauté internationale, la RDC ouvrit ses
frontières aux nombreux réfugiés rwandais fuyant la guerre mais en même temps
aux hommes armés appartenant à l'ancienne armée du Rwanda munis de leurs armes.
19 ans après, ces troupes transformées en milice dénommée Forces démocratiques
pour la libération du Rwanda (FDLR) continuent à semer la terreur et la
désolation parmi la population au nord et sud Kivu ainsi qu'au nord du Katanga.
Elles sont à la base des déplacements intempestifs des habitants de plusieurs
territoires et localités.
Le prétexte rwandais
Les différentes
guerres qu'a connues le pays et auxquelles le Rwanda a été impliqué ont eu comme
principale motif le souci de sécuriser les frontières contre la menace
permanente que représentent les rebelles des FDLR. Par ce prétexte et tant
d'autres, les autorités rwandaises ont plus d'une fois soumis les Congolais à
des rudes épreuves dont la dernière en date est la prise du chef-lieu de la
province du Nord-Kivu par le M23, version rénovée du Congrès national pour la
défense de la patrie dirigée par Laurent Nkunda.
Plus au nord, en
province orientale, les Mbororo venus du Soudan ont occupé avec leurs troupeaux
des larges étendues dans le district du Bas-Uélé. Leurs activités n'ont jamais
cessé de menacer la paix et la sécurité dans cette province de la RDC où sont
actifs des rebelles ougandais de l'Armée de résistance du seigneur et les
hommes de Joseph Kony. Après les deux Kivu, la province orientale est la plus
exposées aux exactions des peuples venus d'ailleurs.
Une crainte
justifiée
Dans ces conditions, l'afflux d'environ 2 500 réfugiés
centrafricains en RDC suscite des questionnements au sein de la classe politique
congolaise. Une nouvelle fois, ces populations fuient la guerre qui menace le
régime du président Bozizé et dont le premier objectif était de contrôler des
riches régions pourvues en minerais. La main basse des multinationales
anglo-saxonnes dans cette guerre justifie la crainte des milliers d'observateurs
pour la RDC.
La RDC qui subit le cout des tristes événements survenus
dans les pays voisins semble être abandonnée à son triste sort et se bat avec
les moyens de bord pour résorber ses problèmes. Dans le pire des cas, cette
situation pourrait facilement découler sur une insécurité régionale et placer
ainsi Kinshasa sur le banc des accusés. C'était déjà le cas avec le Rwanda, lors
d'une récente attaque des rebelles des FDLR. Kigali avait accusé Kinshasa
d'avoir soutenu les rebelles rwandais. Voilà qui justifierait la déclaration de
Franz Fanon selon laquelle « l'Afrique a la forme d'un revolver dont la gâchette
se trouve au Congo ».
Un point positif pour l'heure, les fronts sud et
ouest sont caractérisés par un calme au niveau des frontières malgré les
nombreuses expulsions des Congolais vivants en Angola. La stabilité politique
et sécuritaire de la République du Congo et de la Zambie met la RDC à l'abri des
nouveaux mouvements des populations dans ses
frontières. |