En dépit des combats des jours passés, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, s’est rendu à Goma, chef-lieu de la riche et instable province du Nord-Kivu. Son arrivée a coïncidé avec une trêve des affrontements observée par les deux camps des rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) et de l’armée régulière congolaise (Fardc).

Depuis l’aube, ce jeudi, la situation sur le terrain s’avère calme et chaque partie campe sur ses positions, rapporte la station locale Radio Okapi. Dans un communiqué, le chef politique de la rébellion – fondée en 2012 – Bertrand Bisimwa, a indiqué que le cessez-le-feu unilatéralement proclamé par les miliciens aspire à inciter Ban Ki-moon à soutenir le mouvement dans ses requêtes, à savoir la signature formelle d’une trêve avec le régime congolais. Au début du mois, le M23 s’est retiré des négociations de paix entreprises à Kampala, posant comme condition préalable à toute reprise du dialogue la conclusion d’un cessez-le-feu sur le terrain avec Kinshasa.

Le secrétaire général de l’Onu et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, ont été accueillis à l’aéroport de Goma par le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku. Ban Ki-moon a assuré que rien ne pourrait arrêter le processus de paix dans l’Est congolais et réitéré la détermination des Nations Unies à faire appliquer l’accord d’Addis-Abeba, signé en février dernier, et à déployer la brigade d’intervention dans le cadre de la mission locale de l’Onu (Monusco), dotée d’un mandat offensif pour pourchasser tous les groupes armés. La délégation a ensuite visité l’hopital Heal Africa, qui porte secours aux femmes victimes de violences sexuelles. Mardi, à Kinshasa, le secrétaire général des Nations Unies avait fait part de son intention d’exprimer sa solidarité à la population congolaise de par sa visite, en l’encourageant à ne pas baisser les bras. Ban Ki-moon se rendra maintenant à Kigali, au Rwanda, avant de partir pour Entebbe, en Ouganda. Ces deux pays sont depuis longtemps accusés de soutenir la rébellion du M23.

Cependant, sur le terrain, la tension est toujours tangible et la reprise des hostilités depuis lundi, après six mois de calme relatif, a contribué à aggraver la crise humanitaire qui a fait suite à l’offensive du M23 l’an dernier. Dans les violences de mercredi, des obus tombés sur les quartiers de Ndosho et de Mugunga, aux portes de Goma, ont causé au moins quatre victimes et 17 blessés. Les affrontements, qui se sont concentrés dans le village de Mutaho, à 10 kilomètres au nord du chef-lieu, ont incité plus de 30.000 personnes vivant dans les camps de déplacés de Mugunga, Lac Vert, Buhimba et Bulongo à fuir vers le centre de Goma, en direction des quartiers du Sud et vers le Nord-ouest, en direction de Sake. Tout en annonçant une suspension d’une partie des activités de Médecins sans Frontières (Msf) à cause des violences, le chef de mission de l’ong à Goma, Thierry Goffreau, a estimé que la situation se détériorait, précisant que les civils étaient pris au piège dans les violences et prenaient la fuite, terrorisés.

(VV/CN)