« C’est une étape très importante vers la paix dans la région des Grands Lacs car cela nous permet maintenant d’aller de l’avant », a déclaré dimanche Mme Robinson dans un entretien à Addis Abeba, la capitale éthiopienne.
Après leur victoire sur le Mouvement du 23 mars (M23), dont la rébellion durait depuis un an et demi dans l’est de la RDC, l’armée congolaise et la brigade d’intervention de l’ONU (3000 hommes) « vont désormais s’en prendre à tous les groupes armés » y sévissant encore, a-t-elle souligné.
Elle confirme ainsi ce que le gouvernement congolais avait déjà annoncé, le jour même où le M23 avait dit « mettre un terme » à sa rébellion.
Riche en minerais, l’Est est depuis une vingtaine d’années la proie de nombreux groupes armés qui tuent, violent, pillent, provoquent des déplacements massifs de population et recrutent des enfants.
Selon Mme Robinson, le Rwanda et l’Ouganda voisins, accusés de soutien au M23 congolais, sont prêts à traiter des causes profondes d’un conflit parmi les plus longs et brutaux d’Afrique.
Le M23 a subi une lourde défaite la semaine dernière face à une offensive des soldats de Kinshasa épaulés par la brigade spéciale de la MONUSCO, la mission de l’ONU en RDC. Les deux camps doivent signer un accord de paix lundi à Kampala, capitale de l’Ouganda.
Cet accord doit formaliser l’engagement des rebelles à cesser leur insurrection dans la province du Nord-Kivu.
« Il est très positif de voir l’armée congolaise victorieuse, et avoir fait preuve de discipline en tant qu’armée nationale face à un groupe rebelle », a ajouté Mme Robinson.
« C’est bon pour le moral du Congo », s’est-elle réjouie. « Il est bon maintenant de conclure [la paix à] Kampala demain, parce qu’il y a un accord » sur la réintégration des combattants du M23 dans l’armée nationale congolaise ou un retour chez eux.
Le M23, s’appuyant sur les populations rwandophones locales, était né en mai 2012 d’une mutinerie d’anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l’armée trois ans plus tôt.
La victoire contre eux, due notamment à l’interruption de son soutien par le Rwanda, témoigne également des progrès des militaires congolais jusque-là surtout réputés pour leur indiscipline, leurs pillages et leur inefficacité.
L’accord de Kampala représente aussi « une bonne nouvelle pour les gens […] qui ont subi pendant trop longtemps ces groupes armés, avec les viols à répétition et le déplacement de populations », a encore dit Mme Robinson.
« Ce fut intolérable, et maintenant il existe un véritable espoir », a-t-elle ajouté.
Désormais, a poursuivi l’envoyée de l’ONU, la nouvelle priorité est de vaincre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui comptent dans leurs rangs des auteurs du génocide contre les Tutsis du Rwanda en 1994.
Le gouvernement de Kigali, dirigé par la minorité tutsie, les considère comme une menace pour la sécurité du Rwanda et a été accusé par l’ONU de soutenir le M23, également dominé par des Tutsis, pour protéger ses intérêts stratégiques.
Mais Mme Robinson a assuré que le président rwandais Paul Kagame et son homologue ougandais Yoweri Museveni, dont le pays a également été accusé de soutien au M23, s’étaient engagés à respecter un accord de paix signé par 11 pays de la région en février.
« Nous avons eu de nombreux contacts » avec les deux dirigeants, qui « font preuve d’un respect très ferme de ce cadre », a-t-elle dit.
Elle a dit croire à une forte « volonté de résoudre ce problème qui tire vers le bas cette région de l’Afrique, pas seulement la RDC ».