C'est un document qui ne devrait pas passer inaperçu. Le rapport final du groupe d'experts des Nations unies sur la RDC, encore confidentiel mais dont l'agence Reuters s'est procuré une copie, affirme non seulement que les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) ont bénéficié d'un "soutien continu" de Kigali lors des dernières offensives des Forces armées de la RDC (FARDC) appuyées par la brigade d'intervention de l'ONU, mais surtout qu'"ils ont continué à recruter au Rwanda", après leur défaite militaire sur le terrain.
Plusieurs sources diplomatiques occidentales contactées par Jeune Afrique expliquent qu'elles ne sont pas surprises par les allégations contenues dans le rapport d'experts onusiens. "Nous n'avons jamais eu d'engagement ferme et clair des autorités rwandaises sur la cessation de tout appui aux rebelles du M23, confie un diplomate européen basé à Kinshasa. Nous avons donc toujours supposé que le soutien de Kigali, bien que diminué à la suite des pressions diplomatiques et de l'action militaire sur le M23, persistait."
Les accusations contre Kigali, des "mensonges" ?
Le diplomate relève également que ce fut "la reprise par les FARDC de la route principale de connexion entre le M23 et le Rwanda qui [diminua] gravement tout soutien de l'armée rwandaise aux rebelles congolais." Même son de cloche à Kinshasa. "Jusqu'au dernier jour de l'offensive triomphante des FARDC, le Rwanda a continué à apporter son soutien aux rebelles du M23", affirme Lambert Mende. Pour le porte-parole du gouvernement congolais, le rapport du groupe d'experts onusiens ne vient que "confirmer ce que les autorités congolaises n'ont cessé de dénoncer".
Autant d'accusations qui, selon les diplomates rwandais, ne constituent qu'un ramassis de "mensonges". Interpellé sur le réseau social Twitter au sujet de ce "soutien continu" que Kigali apporterait au M23, Olivier Nduhungirehe, représentant adjoint du Rwanda au Conseil de sécurité à New-York, préfère, lui, citer un autre passage du même rapport qui met en cause l'armée congolaise : "Les forces armées, en particulier les FARDC, demeurent parmi les principaux responsables des violences sexuelles, notamment contre les mineurs."